Comprendre l'inclusion financière
Souvent associée à la microfinance, l’inclusion financière consiste à étendre l'accès aux services tels que les prêts, l’épargne ou encore l’éducation financière à ceux qui sont exclus du système bancaire traditionnel. Selon Tim Crijns, les banques classiques tendent à ignorer ces publics en raison de la taille modeste des prêts ou des risques perçus. Les institutions de microfinance (IMF) comblent ce vide en finançant des entrepreneurs – du tailleur indien au petit agriculteur colombien – contribuant ainsi à la croissance de leur activité et au développement local.
Les données confirment cet impact : une étude menée dans 45 pays révèle que 90 % des clients de la microfinance ont constaté une amélioration de leurs conditions de vie après avoir accédé à ces services. Grâce à ces financements, ils créent des emplois, soutiennent leur famille et dynamisent l’économie locale
Risque et rendement dans l'inclusion financière
Concernant les risques et les rendements, Tim Crijns cite l’exemple d’une initiative bancaire au Sénégal, devenue l'une des principales banques du pays après des débuts modestes. Ce cas illustre la capacité des IMF bien gérées à répondre à des besoins concrets tout en offrant des rendements attractifs aux investisseurs.
Contrairement aux idées reçues sur les risques des marchés émergents, M. Crijns souligne que le risque de crédit dans la microfinance est souvent mieux maîtrisé que prévu. Les IMF évaluent rigoureusement les emprunteurs sur la base de leurs plans d’affaires, ce qui aboutit à des taux de remboursement similaires à ceux des banques occidentales. De plus, la diversification géographique permet de limiter les risques, contribuant à la stabilité des portefeuilles.
Kayoko Lyons partage cette analyse. Elle souligne que l’inclusion financière a su faire preuve d’une remarquable résilience, même face aux crises financières mondiales. Selon elle, le profil risque-rendement unique de ce secteur – combinant rendements stables et faible corrélation avec les marchés traditionnels – en fait une option stratégique pour les investisseurs à impact.
Une mission profondément humaine
Pour les Missionary Sisters of the Sacred Heart, les investissements sont avant tout un levier au service des populations vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Kayoko Lyons insiste sur le rôle des services financiers dans l’émancipation économique et le développement personnel. L'accès au crédit permet non seulement d’améliorer les conditions de vie individuelles, mais aussi de renforcer le tissu social et économique des communautés.
Elle rappelle néanmoins que l’inclusion financière n’est pas une solution miracle contre la pauvreté, mais un levier essentiel d’autonomisation. Forte de son expérience personnelle avec le crédit, elle milite pour un accès équitable aux services financiers, en phase avec la vocation de l’investissement à impact : produire un changement positif, concret et durable.
Naviguer dans l’univers de l’investissement à impact
À l’attention des nouveaux venus dans ce domaine, Mme Lyons recommande de commencer modestement. Elle met en avant la solidité du secteur et la rigueur de la gestion des fonds. Elle encourage également l’engagement actif dans les réseaux et les communautés de l’investissement à impact, sources précieuses d'information, de soutien et de collaboration.
Les deux intervenants insistent sur l’importance de la diligence raisonnable dans le choix des IMF. Il ne s'agit pas seulement d'analyser les résultats financiers, mais aussi d’évaluer les valeurs et la mission de ces organisations. Les investisseurs doivent rechercher des IMF soucieuses du bien-être des emprunteurs et équilibrant judicieusement performance financière et impact social.
Un secteur en mutation
Le paysage de l’inclusion financière évolue rapidement, porté par les innovations technologiques. L’intégration du mobile dans les services financiers révolutionne la microfinance, en rendant les services plus accessibles, rapides et efficaces. M. Crijns et Mme Lyons se montrent confiants quant à l’avenir du secteur, tout en soulignant l’importance d’une innovation continue et d’une capacité d’adaptation.
Conclusion
L’inclusion financière offre aux investisseurs à impact une opportunité rare de concilier rendement durable et contribution sociale majeure. En soutenant les institutions de microfinance et en élargissant l'accès aux services financiers, ils peuvent répondre aux besoins de 1,4 milliard d’adultes et de millions de petites entreprises encore exclus du système bancaire. À l’heure où les enjeux de l’inclusion financière prennent de l’ampleur, il est plus que jamais crucial que les investisseurs restent engagés, informés et animés par une vision à long terme du développement durable.